Besoin frénétique de manger, de se remplir, d’engloutir … L’hyperphagie est une véritable perte de contrôle que j’ai connu de nombreux mois en parallèle de l’anorexie, à la fin des troubles du comportement alimentaire (TCA). Vous m’en parlez souvent et j’avais envie de traduire tout le mal-être que vous m’exprimez dans un article ou plutôt un récit immersif. Tout ce qui suit découle des crises d’hyperphagie que j’ai vécu et de vos témoignages !
Notons que ce trouble des conduites alimentaires est encore plus fréquent que l’anorexie et la boulimie et s’y ajoute souvent ! Il est à la fois la conséquence et la cause d’un grand-mal être mental et peut être responsable de nombreux problèmes de santé (obésité, cholestérol, diabète, RGO, organes saturés …). D’où l’importance d’en parler à cœur ouvert et de lever le voile sur ce que de nombreuses personnes vivent au quotidien, dans la honte et la culpabilité totales !
Evidemment, à la suite de ce plongeon dans ce trouble hyperphagique, tu découvriras les 3 conseils de base et 3 citations pleines de sens pour rééquilibrer son rapport à l’alimentation et à ses émotions !
Ces conseils ne remplacent pas un accompagnement pluridisciplinaire !

Crise d’hyperphagie, entre définition et témoignage
« J’avais besoin d’un moment agréable après cette dure journée, de me réconforter et d’oublier. C’était trop pour moi, encore. Alors, j’ai recommencé sans pouvoir me retenir. J’ai ouvert le frigo et les placards et c’était parti. Dès la première bouchée, j’ai mangé à toute allure, sans comprendre ce qu’il se passait. Et, en même temps je me disais :
- « je n’ai pas encore mal au ventre c’est que j’ai faim peut-être »
- et « j’ai bien le droit de me faire un peu plaisir »
- ou encore « c’est fou de pouvoir manger autant »
- Et bien sûr « après ça j’arrête » après chaque nouveau paquet.
Puis j’ai réouvert le frigo et d’autres placards et c’était reparti de plus bel encore et encore.
Je ne parvenais pas à m’arrêter. C’était comme une pulsion, une envie irrépressible.
Je me sentais de plus en plus mal.
Je me dégoutais.
Ça me répugnait de manger comme ça, sans pouvoir m’arrêter, sans respirer, le nez dans l’assiette voire même dans le paquet directement ! Je me sentais sale et nulle. Et puis je savais que toute cette nourriture allait peser sur mes hanches. Tout à coup, je me sentais encore plus grosse qu’avant. Je voyais mon ventre gonfler au fur et à mesure. J’avais l’impression que plus rien ne pouvait rentrer et pourtant je continuais à me remplir de tous ses aliments qui ne me donnaient plus aucun plaisir. Tous ses aliments que j’avais acheté pour la semaine et que je finissais déjà, là en ce lundi soir, qui explosaient encore mes jeans et mon budget.
Du fromage, 1/2 baguette, 1 barre chocolatée, 1 bol de céréales au miel, 3 tranches de jambon, l’autre 1/2 baguette avec du beurre et plein de confiture, 1 autre bol de céréales, 1 puis 2 puis 3 autres barres chocolatées, les bananes congelées pour un smoothie ultérieur, les chips un peu molles mais qui font l’affaire, ce chocolat à la noix de coco que j’aime pas, …
Ses mêmes aliments auxquels j’arrivais pourtant à résister toute la journée. Tous ses aliments que je ne devrais jamais manger parce qu’ils font grossir. Je le sais bien pourtant. Qu’à cela ne tienne, demain je vais donc jeûner et ne pas faire les courses pour éviter le retour d’une telle catastrophe ! Enfin bon, je dis ça à chaque fois puis nulle et grosse comme je suis je vais finir par craquer *. Je vais rentrer, enfiler le jogging et le gros pull dans lesquels mon ventre et mes jambes gonflées ne me dérangent plus, je vais m’affaler dans le canapé, me sentir terriblement mal. Puis, in extrémiste, 20 minutes avant la fermeture du magasin, je vais finir par y aller et prendre exactement la même chose que tout ce que j’ai dévoré vulgairement aujourd’hui. Enfin non, plus encore que la veille. Bref, je vais recommencer à me faire du mal. »
NB : A quoi correspond la * ? A la cause de la prochaine crise ! Si tu es toujours dans ce schéma restriction –> compulsion –> compensation –> compulsion … Il est indispensable d’en parler et de te faire aider. Appel offert ici !
Arrêter d’anesthésier ses émotions : passer de la survie à la vie
Parce que je le sais, parce que tu le sais, les crises d’hyperphagie te font souffrir.
Elles te font encore plus souffrir que ce que tu veux (inconsciemment) cacher, oublier, compenser en étant « poussée » à manger ainsi. L’hyperphagie, comme tous les troubles du comportement alimentaire, est un pansement sur une plaie ouverte.
Derrière les compulsions alimentaires se cachent souvent un manque d’estime de soi, une dépression, un traumatisme émotionnel et/ou corporel (abus sexuels compris, bien entendu). Fatigue, ennui, solitude, stress, anxiété, douleurs, colère et tous autres « trop plein émotionnels refoulés » sont des facteurs déclenchants et/ou aggravants. Le sucre raffiné en grande quantité, les arômes et certains additifs alimentaires aggravent aussi la crise d’hyperphagie.
Régime & hyperphagie : quel lien ?
Sans oublier que l’anorexie et les régimes restrictifs sont souvent la principale cause ! Les carences entrainent l’hyperphagie. Autant les carences affectives que les carences nutritionnelles d’ailleurs. Je te le disais, c’est après 5 ans d’anorexie que les crises d’hyperphagie sont apparues, car mon corps et moi étions épuisés et éteints. Le corps tente, par ces pulsions alimentaires, d’exprimer son besoin de manger avant de finir par … mourir !
Tout cela doit être identifié et pris en considération pour cesser de “te remplir avec l’alimentation”. Car manger ses émotions, se réconforter avec un bon gâteau, se faire un petit plaisir en solo, c’est tout à fait normal de temps en temps ! Le problème n’est pas de le faire mais de le faire SOUVENT, sans aucune conscience, par pulsions, sans pouvoir s’arrêter, en culpabilisant et en se sentant affreusement mal ensuite !
3 conseils de base pour créer un rapport plus sain à l’alimentation
Découvre désormais 3 conseils pour apprendre à prendre soin de toi et réériger l’alimentation au rang royal de plaisir, de bonheur, de don de la nature. Et non pas de peur, de douleur, de source de culpabilité !


Conseil 1- CUISINER !
Comme tu peux le voir dans l’histoire ci-dessus, les crises d’hyperphagie se font rarement sur une salade composée, un curry de légumes au lait de coco ou un clafoutis aux cerises faits maison ! Prendre le temps de choisir et de réaliser une recette en sentant, en goutant, en créant permet vraiment de se mettre dans un meilleur mood. Tu auras ainsi bien plus envie de savourer et tu seras bien plus consciente de ce que tu t’offres et de la chance que tu as de déguster cela !
Evidemment, compulser sur ce que l’on vient de cuisiner en plus grande quantité pour les jours suivants ça existe ! Donc les « meal prep » ce n’est peut-être pas pour tout de suite te concernant. Ce conseil, de cuisiner, permet de prendre du temps pour se reconnecter à soi et son pouvoir de création au lieu de s’anesthésier et de se rejeter. Tout en se reconnectant également aux aliments par les 5 sens et le retour à « l’essentiel ». Il est indispensable de le combiner avec le 2e conseil.
2- Cesser de choisir des aliments allégés et des alternatives “healthy” !
Tu veux un croissant ? Achète en un vrai à la boulangerie ! Comme quand tu avais 8 ans, tu as le droit ! Reconnecte toi à cette bonne odeur réconfortante d’enfance. Parce que les croissants healthy à la pâte brisée s’est pas ouf ouf ! (Oui j’ai déjà vu ça et même testé, et en version sans gluten qui plus est … c’était franchement pas séduisant !)Tu veux faire cette super recette de lasagnes que tu n’oses plus réaliser depuis des années ? Ressors ce livre de cuisine familiale du placard et lance toi !
Pour aller plus loin, souviens-toi : les industriels s’en foutent de ta santé, ce qu’ils veulent c’est ton pognon ! C’est certainement dit crûment mais c’est la pure vérité. Donc oui, ces produits allégés ils veulent te les vendre à tout prix ! Sauf que sans matières grasses les produits deviennent insipides et la texture se modifie complètement. (Tu la connais bien la crème allégée qui ressemble à … de l’eau ! Ca fait cher la brique d’eau avec 1% de crème …).
Leur solution ? Ajouter du sucre, des édulcorants, des épaississants, des conservateurs, des arômes artificiels … Ou encore avoir recours à des procédés par très naturels ! Il est alors encore tout à fait possible d’écrire « allégé en matières grasses ». En plus, c’est le jackpot car le sucre c’est addictif !
Discernement je vous le dis.
Et puis quand on sait que l’aspartame (édulcorant) est certainement cancérigène, mieux vaut un vrai fromage de chèvre qui donne bonne haleine
3- Ne pas sauter de repas et s’installer pour manger.
La base de la base d’un rééquilibrage alimentaire spécial guérison des TCA c’est de faire 3 repas par jour, en s’asseyant au calme, sans écrans. Oui, on arrête de manger sur le pouce, à même la casserole ou le paquet … Tu pourras ainsi arrêter de te plaindre ensuite d’avoir « trop » mangé, d’avoir mal au ventre et d’être en mauvaise santé. Au départ ce peut être difficile de se retrouver face à ce moment du repas que l’on fuit finalement depuis longtemps. Mais c’est indispensable et au fur et à mesure tu verras à quel point c’est un moment agréable !
Après des mois voire années de jeûne parfois jusqu’à 3 jours de suite, ce fut le plus difficile pour sortir de l’anorexie mais aussi une des choses les plus utiles ! Tant que ton corps se sentira agressé par le manque, la carence, le contrôle restrictif (cognitif et/ou physique) il fera tout pour provoquer des compulsions hyperphagiques ou pour développer des addictions alimentaires etc ! Quand quelqu’un te manque, tu y penses de manière obsessionnelle ? Puis, tu vois la personne et wow que ça fait du bien et tu ne veux plus jamais jamais jamais la lâcher ! Là c’est pareil !
A savoir pour guérir de l'hyperphagie
Pour guérir de l’hyperphagie il est indispensable de combiner une approche nutritionnelle avec un professionnel qui t’aidera à faire un rééquilibrage (pas de restrictions sinon c’est « foutu » !) et une approche émotionnelle et fonctionnelle en psychothérapie – puis ou en même temps – en coaching. (Pour rappel et pour faire simple, la psychothérapie permet de faire ressortir des choses et le coaching permettra de les travailler et de se reconstruire sur des bases plus fructueuses. Cette double-approche psy – coach 100% complémentaire est indispensable dans tous les TCA et permet un suivi 100% personnalisé).
3 citations pour se réconcilier avec l’alimentation
« Tout est poison, rien n’est poison, c’est la dose qui fait le poison » Paracelse
« Quand j’ai faim, je mange ce que j’aime. Quand je m’ennuie, je fais quelque chose que j’aime. Quand je suis seul, je me connecte avec quelqu’un que j’aime. Quand je me sens triste, je me souviens que je suis aimé. » Michelle May
« Au lieu de penser à la nourriture comme ennemi, permettez-vous de profiter du processus de planification et de préparation des repas ou d’aller déjeuner avec un ami. Restez dans le moment présent et comprenez que le but de la nourriture est la nourriture. » Susan Albers
J’espère que tu as pris conscience que les régimes que tu as suivi, que tu suis encore, mettent ton corps dans un état critique de manque. L’hyperphagie est donc un sursaut de vie du corps et une manière d’avaler ces émotions qui a de lourdes conséquences sur la santé et le quotidien de celles et ceux qui l’éprouve ! Il est primordial d’en parler et de se faire aider.
Prends bien soin de toi, à très vite sur DLAE !
Découvre aussi ci-dessus le témoignage d’une de mes coachées passée de la boulimie au lâcher prise et l’amour de soi !
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